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Tuxedo Hill est l'épisode qui clôture la saison 1 de Criminal Intent.

Il faut savoir que 6 mois avant sa diffusion US, un scandale financier "énorme" secoue les États-Unis, à savoir l'affaire Enron. Ironie du sort, un mois après sa diffusion, un autre scandale d'envergure allait éclater : l'affaire Worldcom. Et d'autres affaires allaient se succéder entraînant une période de profonde dépression économique et boursière. Enron et Worldcom ont englouti 30 milliards de dollars, littéralement évaporés, dont 23 pour le seul Enron.
Inutile de dire que Tuxedo Hill aborde un sujet chaud aux USA. Et qu'à travers de tels agissements et malversations, ce sont ni plus ni moins que les retraites des travailleurs américains qui sont menacées.

Le scénario de cet épisode est très bien ficelé. La première partie englobe et présente tous les recoupements qui vont converger vers une 2° partie absolument somptueuse. Cette 2° partie s'adresse néanmoins à un public adulte et... averti! L'élément qui dénoue l'enquête est imprévisible : du grand art!

L'interprétation de Bruce Altman (vu dans SVU 3.03) est très convaincante. Il donne une grande réplique à Vincent D'Onofrio, qui le lui rend bien aussi... Les deux vont essayer de se déstabiliser mutuellement ; on verra même l'inspecteur Robert Goren, assez "largué" dans cette enquête, ce qui est une chose rare pour lui dans la série.
Mais Robert Goren est un policier opiniâtre. Il ne lâchera pas! Il s'accrochera! Et parviendra à renverser le cours de l'enquête par son travail, par son sens logique, par son abnégation.

C'est vraiment un grandiose épisode qui conclue une grande saison "première", ou un vrai héros des temps modernes s'est révélé : l'inspecteur Robert Goren de la Section Criminelle!

Élisabeth Dawson est chef de service comptable à Matawin. Jack Crawley est le Directeur Financier, le big boss s'appelant Walter Troy. Élisabeth Dawson reçoit un courrier inquiétant de la part d'un petit actionnaire de Matawin qui conteste le bilan de l'entreprise et notamment l'estimation des bénéfices! Elle en fait part directement au PDG, Walter Troy :
"Ces calculs de bénéfices sont en effraction avec toutes les lois comptables. C'est un missile dirigé contre la société. Mr Troy, Matawin pourrait imploser!"
"Je vous remercie de m'en faire part, Élisabeth" : lui répondra le big boss qui alertera Jack Crawley.
Le lendemain, Élisabeth Dawson sera agressée et son amant sera tué. Assommée, elle est devenue un peu amnésique et ne se souvient de rien. Goren et Eames la suspecte logiquement mais ne peuvent s'empécher de ressentir sa bonne foi.
Pour les inspecteurs, cela sent d'abord l'embrouille conjugale et extra-conjuguale.
Mais le mobile du crime est ailleurs, bien loin de ces évidentes apparences, très loin même...

Goren et Eames vont fouiner à l'entreprise Matawin car ils sont très surpris que Elizabeth Dawson ait pu avoir un témoin tombé du ciel qui la disculpe totalement du meurtre de son amant. Le gendre de ce témoin travaille chez Matawin, ce qui a troublé Goren car Élisabeth Dawson est responsable du service comptabilité aussi chez Matawin! Ils vont donc questionner le supérieur d'Elizabeth Dawson non sans s'être renseigné auprès de la SEC [NDW: l'équivalent amricain de la COB] sur Matawin...

"Je suis le RESFI !" : voilà comment se présente Jack Crawley aux inspecteurs.
Et ceci dit, le port altier comme pour narguer notre duo. Le responsable financier de Matawin n'a pas trop le temps à faire joujou avec des policiers. A peine rentrés, qu'il aimerait déjà les voir dehors! Goren va donc à l'essentiel :

Goren : "Que fait Matawin exactement?"
Crawley : "Nous vendons et achetons des terrains et de l'eau."
Goren : " Il semble que la majeure partie de vos profits provenait d'un investissement appelé Tuxedo Hill. Est-ce une opération immobilière?"
Crawley ne répond pas d'abord, mais préfère reprendre les plans d'architectes enroulés que ce malpoli d'inspecteur s'était au préalable permis de prendre, et sans autorisation en plus! Inacceptable pour Jack Crawley. Mais Boby a lu la nomenclature et annonce : "Ce sont les plans d'une maison à Antigua! Mais c'est off-shore Antigua, non?"

Jack Crawley n'est vraiment pas habitué à être dérangé de la sorte, surtout quand on vient le questionner sur des choses aussi indiscrètes! Gêné, il répond :
"Oui, c'est off-shore! Je sais que c'est un mot grossier de nos jours."
Eames : "Apparemment, vous vous débrouillez bien Mr Crawley!"
Crawley, arrogant : "Je ne travaille pas pour du vent! Avons nous fini?"

Goren ne perd pas le fil : "Non! C'est quoi Tuxedo Hill?"
Crawley semble agacé de devoir répondre à une question aussi professionnelle, qui relève du secret défense chez Matawin. Mais Boby insiste :
"Nos amis de la SEC n'ont pas été très explicites à ce sujet..."
Crawley, très vite : "Il s'agit d'un grand groupe! C'est un partenaire spécialement conçu pour être capitalisé par une troisième partie dans le but de protéger certains bien de Matawin."

A cette réponse, nos deux inspecteurs restent sur les fesses! Boby, lui, essaie de cacher son ignorance en allant pécher un portrait familier. Eames, elle, dans son style bien spontané, en ait incapable : "On n'a rien compris de ce que vous racontez!"
Crawley, toujours arrogant : "Malheureusement, je n'ai pas le temps de vous faire un exposé sur la façon de gérer des capitaux! Alors, excusez-moi!"

Mais Boby présente le portrait d'une personne qu'il a déjà interrogé dans l'entreprise. Il pense avoir trouvé le point faible de Jack Crawley , alors il le cuisine à propos de ce portrait sur son bureau, suspect selon lui. Mais Crawley va là encore le laisser complètement pantois :
"C'est Karyn Milner! Nous sommes fiancés, inspecteur. Vous connaissez maintenant le dernier potin que l'on se raconte devant la machine à café!".

George Venturelli est un petit actionnaire de Matawin "à qui on ne la fait pas"!
De lui, à Matawin, on dit : "On ne prête généralement pas attention aux remarques des courtiers, mais Venturelli est un type intelligent, nous devons prendre en considération son courrier!".
Effectivement, Venturelli est un actionnaire sérieux, attentif, et qui analyse très bien les bilans qu'il reçoit. Il a noté une extravagance dans un transfert de bénéfices, douteux selon lui. Venturelli ne s'intéresse qu'à ses propres intérêts, loin de lui l'idée de provoquer un scandale financier.
Il place ses économies dans des actions Matawin, et il les surveille comme le lait sur le feu! Un point, c'est tout!
Robert Goren, aujourd'hui, va beaucoup apprendre à son contact :

Venturelli : " J'ai essayé pendant un mois d'avoir une réponse claire pour Tuxedo Hill. Toute cette histoire n'a pas de sens. Tuxedo Hill est censé utiliser les fonds d'une 3° entité, en dehors des investisseurs, pour protéger les actifs de Matawin. Mais pour moi, j'ai pas l'impression que tous les actifs soient couverts! Et le représentant de la compagnie a dit à mon courtier de ne pas s'inquiéter, car c'était sûrement une erreur comptable!"

Hum... là encore, Robert Goren ne saisit pas tout. La finance, c'est pas son truc. Mais son esprit d'analyse ne demande qu'à comprendre :
"Mais pourquoi vous en faites-vous, Mr Venturelli? L'action Matawin n'arrête pas de grimper!"

Venturelli : "Ma petite boule de cristal me dit de me méfier du marché de la protection des crédits. C'est là où les banques et les organismes de crédit s'achètent des assurances pour leurs prêts. Et le prix de l'assurance sur les prêts à Matawin a beaucoup grimpé!"

Hum... Hum... là aussi, Boby a du mal à suivre. Mais son esprit logique fait des recoupements :
"Les banques voient Matawin comme un crédit à risque?"
Venturelli : "Oui, je le pense. Mais vous croyez qu'elles le diraient au citoyen lambda?"
Boby commence à comprendre le fin fond de son enquête.
Venturelli, faisant les questions et les réponses : "Non, Monsieur! Ce sont des pourritures! De vrais escrocs qui font une partie de poker truquée avec notre pognon!"

Et, tout ceci dit sans sourciller un seul instant... Arrêté à un kiosque avec nos inspecteurs, Venturelli s'est acheté son magazine préféré : Forbes! Maintenant, il prend congé d'eux.
En voyant ce petit bonhomme s'éloigner et qui ne paye vraiment pas de mine, Robert Goren commence à comprendre les tenants et aboutissants de son enquête. Il réalise le scandale financier énorme qui s'annonce. S'il parvient à résoudre cette enquête trés difficile, Robert Goren devra en remercier George Venturelli... qui lui, défend son beafteck à sa façon à lui!
Un point c'est tout! Si on ne lui avait pas présenté un bilan faussé, jamais il n'aurait été la mèche... de cette bombe... désormais prête à exploser!

Le spécialiste comptable de la Section Criminelle a passé au peigne fin le bilan de Matawin.
Ses conclusions sont sans équivoques. Pour lui, les investisseurs extérieurs de Tuxedo Hill n'existent pas, mais sont des cadres supérieurs de Matawin et du conseil d'administration. Il dira aussi : "Matawin utilise Tuxedo Hill pour cacher des pertes et gérer des estimations de bénéfices qu'ils comptent pour des profits tangibles afin de booster le prix de l'action Matawin."

Entendant ça, Ron Carver convoque illico Élisabeth Dawson.
Goren commence par dresser le topo pour bien montrer qu'il est au courant de ce qui se trame chez Matawin.
Élisabeth Dawson est très embarrassée : ils savent que sa signature sur l'approbation des estimations de bénéfices a été échangée contre un témoin-surprise qui la disculpe du meurtre de son amant.
Élisabeth Dawson est une personne très honnête ; elle craque très vite :
"Oui, nous sommes une compagnie véreuse! Nous méritons d'être démasqués!"
Son avocate essaie de la faire taire mais les inspecteurs remettent la pression :
Goren : "Ils ont laissé toutes sortes de pièces à conviction pour vous impliquer."
Eames enchaîne : "Et d'autres aussi pour vous fournir un début d'alibi."
Goren poursuit : "Vous étiez condamné d'une main et sauver de l'autre. Juste pour avoir votre signature sur ce document."

Carver prend le relais : "Mais nous sommes curieux de connaître le motif de cette magouille! Est-ce que c'était pour accroître la valeur de l'action Matawin en bourse?".
Élisabeth Dawson a conscience qu'il faut répondre maintenant :
"Cela ne les avancerai pas! Ils ont des stock-options et sont coincés avec! Ils ne peuvent pas les vendre sans que la SEC le sache et ordonne un contrôle de la société. Mais ils touchent des bonus à chaque fois que l'action Matawin fait un bond".
Carver, l'air grave : "A combien s'élève ses bonus?"
Élisabeth Dawson annonce des chiffres faramineux et s'effondre en sanglots. Elle sait maintenant pourquoi son amant a été assassiné : pour sa signature sur le document officiel de l'approbation des bénéfices.

Ron Carver a décidé qu'il était temps de s'intéresser à Matawin. Mais il juge que le témoignage d'Élisabeth Dawson ne mènera à rien car il considère que sa crédibilité est douteuse.
Mais, Ron a pris les dispositions nécessaires pour que Jack Crawley soit prié de venir répondre à quelques questions dans la salle d'interrogatoire.
Robert Goren s'occupera de lui mais là encore : rien à faire!
Boby ne le bouscule même pas car Jack Crawley a réponse à tout. Il déballe sa science de financier de haut-vol à cet inspecteur qui ose venir le chatouiller dans son domaine de prédilection.
Visiblement, Boby en a assez. Il a pourtant bien planché le dossier, mais il n'a pas encore réussi à déstabiliser Jack Crawley. Il se rend compte qu'il n'y arrivera pas seul. Il lui faut se servir de Karyn Milner pour ébranler Jack Crawley.
D'ailleurs, à l'heure qu'il est, elle doit se trouver derrière la glace.
Boby prend congé pour aller la chercher...

Karyn Milner est la fiancée de Jack Crawley, ils vont d'ailleurs bientôt se marier.
Nos inspecteurs se sont intéressés à elle car ils ont noté que son témoignage discréditait fortement Élisabeth Dawson.
De plus, Mlle Milner a un chien nommé Ebit qui a un bien joli collier... serti de diamants! Cela a intrigué l'inspecteur Robert Goren qui a cherché à en savoir plus.
Karyn Milner, innocemment et sans savoir, a dit qu'elle avait même surpris Jack en train de le commander au téléphone... ce qui a bien fait rire notre inspecteur.
Et pour cause, cela fait plusieurs jours qu'il planche sur les pratiques du monde de la finance. Boby commence à se roder, et cette anecdote, il l'a parfaitement analysé! Et il compte bien s'en servir.
Il a vu juste à propos de Karyn Milner, qu'il considère comme le point faible de Jack Crawley.
Sans elle, il ne peut vaincre contre Jack Crawley.
C'est pourquoi Karyn Milner a été, elle aussi, convoquée dans les locaux de la Section Criminelle, et elle est fort surprise de voir Jack batailler ferme avec cet inspecteur. Ce dernier, d'ailleurs, interrompt l'entretien pour l'inviter à y participer!

Jack Crawley se trouve seul dans la salle d'interrogatoire quand soudain, la porte s'ouvre. Il est étonné par la présence de sa fiancé à côté de notre duo d'inspecteurs. Tout est en place pour le final grandiose, les dés sont jetés :

Goren en lui tapant amicalement l'épaule: "Vos dernières paroles viennent de me donner une grande confiance dans l'avenir"
Goren rajoute : "Et vous, vous détenez des millions d'actions de Matawin!"
Crawley lui rend sa tape amicale un brin arrogant : "Je ne suis pas leur valeur au dollar prés!"
A ça, Boby fait une mimique amusée à Alex.
Mais Boby s'adresse à Jack Crawley tout en regardant Karyn Milner : "Votre fiancée nous a dit que vous aviez acheté un collier....
Boby s'interrompt et à notre grande surprise, Jack Crawley semble très inquiet, il regarde durement sa fiancée qui lui rend quand même un sourire, ignorant le sens de l'expression qu'a employé Boby...
Voyant ce contraste, Boby en rigole mais termine sa phrase précédente en se voulant rassurant :
"...un collier de chien pour son chien!".

Contre toute attente, Jack Crawley est à nouveau complètement déboussolé. Il cherche à s'excuser auprès de Karyn pour son mauvais regard... mais il commence à prendre conscience que Boby n'a pas dit cela innocemment... Jack Crawley prend un air grave, et commence à fermer les yeux. Il réalise la situation, et la musique de Mike Post commence à entonner une mélodie grave.

Boby expliquera en détail à Karyn Milner ce que cela veut dire.
Jack Crawley a vendu toutes ses actions de Matawin par un subterfuge financier, sans rien montrer aux autres. Boby posera sur la table la liste des ordres, donnés par la SEC, et passés par Jack Crawley : il y en a pour plus de 70 millions de dollars!

Karyn Milner est scandalisée car elle vient d'apprendre que Matawin est une société qui bat de l'aile. Or toutes ses économies y sont placées comme celles de ses parents. Pour elle, c'est la ruine assurée dés le lendemain! La pilule est d'autant plus dure à avaler car Mlle Milner réalise ceci : quand la direction de Matawin encourageait tout le monde à acheter des actions Matawin, leurs dirigeants vendaient les leurs!
Karyn Milner craque et avoue que Jack Crawley lui a demandé de discréditer Élisabeth Dawson, dans le but d'inciter les enquêteurs à privilégier la piste du meurtre passionnel. Mais Jack Crawley s'était bien gardé de lui avouer le pourquoi du comment. Elle ne savait rien de plus...
Ecoeurée, elle quitte illico la salle complètement scandalisée, car elle doit avoir certains ordres à passer avant qu'il ne soit trop tard pour elle et ses parents...

Karyn Milner partie, Ron Carver rentre, la mine méconnaissable : véritablement noir de colère!
Jack Crawley se retrouve seul face aux inspecteurs. Il tentera par tous les moyens à négocier coûte que coûte.
Il est peut-être commanditaire de meurtre mais il n'est pas le seul. Il est même prêt à donner les noms "des tueurs venus de Memphis".
Ron Carver solennel : "L'heure n'est plus à la négociation, Mr Crawley."
Mais Jack Crawley insiste : "Je vais vous balancer Walter Troy. Il y a aussi Michael Gergen. Réfléchissez, vous allez avoir besoin de moi!".
Exceptionnellement, Boby perdra un peu son sang-froid devant cet homme sans vergogne, en lui hurlant :
"Que pouvez-vous offrir pour rattraper le mal que vous avez fait? Vous êtes prêt à démolir des milliers de pauvres gens qui vous ont fait confiance! Ce que les terroristes nous font avec des bombes, vous avez essayé de le faire avec un trou dans la comptabilité! N'imaginez pas un instant que vous méritez un meilleur sort que ces fous!"

Une fois Jack Crawley arrêté, le dernier mot de la fin de la Saison Une sera pour Ron Carver s'adressant à Goren et Eames : "Je vais d'abord faire une déclaration à la presse et ensuite, j'appellerai mon courtier!".

Note : 9/10.