En regardant pour la première fois cet épisode (il y a
quelques mois déjà…), j’ai pensé à « Anatomy of a murder ». Je me suis demandé
comment auraient réagi, à la vision d’un épisode de SVU, ceux qui à l’époque
avaient crié au scandale et interdit la projection du film de Preminger dans
certaines villes parce qu’étaient prononcés des mots comme « panties » ou «
rape »…
La rupture d’anévrisme en aurait décimé plus d’un s’ils
avaient entendu la légiste, dans cet épisode, expliquer à B&S que le jeune
homme, dont le corps venait d’être découvert dans le bassin d’une station
d’épuration, avait été « sodomized with something which caused severe
lacerations to his anus » !
Laissons nos imaginaires téléspectateurs ayant survécu à
cette scène retrouver leur sérénité devant « Sept à la maison », et replongeons
nous dans l’horreur SVUesque.
Notre victime, Tyler Henry, était un étudiant très débrouillard, qui
réussissait à payer sans l’aide de ses parents les frais faramineux de sa
scolarité. D’une débrouillardise très SVUesque, puisque ses revenus provenaient
de videos pornos de lui même et de ses conquêtes d’un soir, qu’il proposait sur
Internet.
Ce financement original est la première piste suivie par
B&S. Elle les amène à rencontrer Serena Williams pendant quelques minutes. Qui
ne joue pas son propre rôle, mais celui d’une des participantes aux
performances cinématographiques de Tyler, pas vraiment ravie de sa gloire
numérique. La piste est une impasse, mais, outre nous permettre de voir les
débuts de comédienne de SW (qui ne s’en sort pas trop mal, dans un rôle peu
exigeant il est vrai…), elle offre la possibilité à Munch, d’avoir une ligne de
texte (c’est déjà énorme) et une bonne, qui plus est…
« Our culture teaches women the easiest way to become rich and famous is
to objectifize themselves. Why get a job and an education when you can become
the new winner of “The Bachelor”! It’s the new American dream!”
A partir de là, on entre dans le vif du sujet : la face
cachée des fraternités étudiantes. Et ce, grâce aux fibres retrouvées dans
l’anus de Tyler ! Le travail brillant de la police scientifique nous permet
d’apprendre que notre victime a été sodomisée avec un archet de violon… Pas
n’importe quel archet, qui plus est ! Un à 3000$, dont un exemplaire fut vendu
récemment à un membre de la fraternité à laquelle appartenait Tyler…
Le violoniste et sa copine sont interrogés par B&S, qui
réalisent alors que la jeune fille était une des participantes du Tyler-
internet-show. Interrogée au poste, celle-là dénonce le coloc’ du violoniste.
Un ancien novice de la fraternité, qui est retrouvé à l’hôpital après une
tentative de suicide et qui confesse le meurtre.
La caution est fixée dans la chambre du jeune homme qui se
remet de ses blessures, dans une scène surréaliste au cours de laquelle les
juristes argumentent au milieu des respirateurs et des moniteurs… L’avocat
révèle ensuite à Novak sa stratégie de défense : le coloc’ aurait été violé par
Tyler lui même au cours d’une séance d’initiation, à l’aide d’une… pagaie !
Les faits sont confirmés par un registre appartenant à la
fraternité, dans lesquels sont détaillés de nombreux sévices infligés par les
anciens aux nouveaux lors de rite d’initiation. Le registre permet de savoir
que le viol a eu lieu avec la complicité du maître de la fraternité, un certain
Rob, que l’on a déjà dans l’épisode menant ses frères comme un adjudant
militaire ! Il est arrêté.
Mais ce registre est arrivé au SVU par l’intermédiaire de
la copine du violoniste, qui avoue l’avoir volé ! Petit problème juridique que
ne tarde pas à soulever le défenseur de Rob, qui n’est autre que le père de
Tyler, ancien de la fraternité… Vous suivez ? Si oui, je suis désolé, mais je
ne vais pas raconter en détail la fin, puisque je ne vais pas m’en sortir de
façon claire (au contraire des scénaristes de SVU qui ont rendu cette histoire
complexe mais limpide…) avec l’avocat, qui est le père de la victime, qui
défend le camarade de son fils contre les accusations du meurtrier du dit fils…
Toujours est-il que des rebondissements multiples vont
alors jalonner la partie juridique, et rendre cet épisode jubilatoire et
permettre au passage de dénoncer les rites initiatiques barbares des
fraternités… avec comme point d’orgue la manipulation orchestrée par l’avocat
qui va enfoncer son client lorsqu’il va réaliser que celui-là est le violeur,
et pas son fils…
Un excellent épisode donc… qui relançait SVU sur les rails
de la qualité ! |