Disons le tout net : c’est un excellent épisode !
« Home » dresse le portrait d’un des monstres les plus
terrifiants que SVU ait jamais dépeint.
Au premier abord, Marylin Nesbitt semble assez rigide en ce
qui concerne l’éducation et l’hygiène alimentaire de ses deux fils : elle ne
les envoie pas à l’école, les instruit elle-même dans un appartement
entièrement dédié au savoir, et les nourrit à base de graines et de produits,
qu’on imagine en France, issus de l’agriculture biologique.
Rien de bien méchant, me direz vous.
Il vaut mieux des règles strictes, voire très strictes, au sein du foyer
familial que pas de règles du tout.
De plus, Adam, l’aîné, semble être un adolescent poli, instruit et
respectueux.
Et lorsque l’on apprend que le mari de Marylin a été assassiné lors d’un
hold-up dans une épicerie quelques années auparavant, on comprend qu’elle
puisse être un peu trop protectrice à l’égard de ses enfants.
Cependant, le monde extérieur semble à ses yeux être
vraiment l’enfer sur Terre. Par exemple, pour elle, l’école publique (qu’elle
appelle avec ses amis de l’association « Home schooling » l’école du
gouvernement) est un repaire de gamins désaxés, d’enseignants laxistes et
complices de l’industrie agro-alimentaire, de laquelle il paraît peu probable
de sortir sans avoir été racketté ou molesté. Les familles d’accueil n’existent
que pour violenter et abuser sexuellement les enfants des autres. Pourquoi
s’intéresse-t-elle aux familles d’accueil ? Car elle imagine que si le
gouvernement réalise en étudiant ses relevés de carte bancaire que les
médicaments qu’elle donne à ses enfants ne correspondent pas aux critères du
ministère de la santé, ses fils lui seront retirés…
Là encore, on peut se dire que cette brave femme a un peu
trop abusé de « X Files », qu’elle a pris un peu trop au pied de la lettre la
théorie du complot, mais qu’il n’y a rien de bien grave…
Sauf que le jour où Jacob, le benjamin, est ramené, bien
malgré eux, par des membres du SVU à la maison, parce qu’il mangeait de la
viande dans les poubelles, Maman pète un peu les plombs.
Elle explique à son aîné qu’il est évident que vu la façon dont se comporte son
frère, celui-là va être emmené dans une famille d’accueil. Et qu’il vaudrait
mieux qu’il soit mort qu’abusé sexuellement dans un de ces endroits dépravés.
« Tiens, mon chéri, prends mon arme. Moi je descends faire quelques courses et
faire quelques sourires aux caméras de surveillance »…
Et Adam exécute la volonté de maman. Il se rappelle
sûrement le fait que son grand frère, Daniel, est mort en famille d’accueil
après d’atroces souffrances…
Après avoir tué Jacob, il tente de mettre fin à ses propres jours mais
l’arme s’enraye…
Voilà l’histoire de cette femme, que Wong dépeint comme une
malade mentale à la personnalité « borderline », qui pense avoir toujours
raison et qui considère celui qui ne se soumet pas à ses opinions comme son
ennemi, peu importe que ce soit l’un de ses enfants.
Dans l’épisode, on découvre progressivement au cours de
l’enquête de Benson et Stabler l’importance de la paranoïa maladive de Marylin
Nesbitt, en même temps que l’importance démesurée des moyens de surveillance au
service de la police : caméras de surveillance, relevés de carte bancaire,
traceur de position des voitures équipées du G.P.S…
Ce parallèle malin et discret distille un sentiment de malaise face à
cette histoire individuelle…
La partie judiciaire de l’épisode est également très
réussie, puisque se pose la question de la responsabilité des parents par
rapport aux actes de leurs enfants…
On découvre à ces moments que Daniel, le premier enfant, était battu par
sa mère et qu’elle l’a abandonné aux services sociaux aux premiers soupçons
d’abus de la part des autorités…
Le passage le plus faible de l’épisode est peut être le
moment où ne sachant plus vraiment quoi faire (lorsque Adam a avoué le meurtre
de son frère et ses motivations), Novack se tourne vers une ancienne juge,
qu’elle considère comme son mentor. La discussion qui s’en suit n’est pas très
profonde (en gros, Novak doit suivre son instinct…) et j’ai un gros problème
avec l’actrice qui incarne ce personnage (semi régulier d’après mes
informations…) : Marlo Thomas. Pas que je la trouve mauvaise, mais elle est
restée pour moi pendant toute sa scène, la mère de Rachel Green, et je
m’attendais à chaque seconde à voir Jennifer Aniston débouler dans la pièce et
raconter n’importe quoi… Va me falloir un petit temps d’adaptation…
« Home » est donc un très bon épisode, qui est une grande
étape dans mon processus de réconciliation avec SVU, puisque depuis quelques
semaines, la série a considérablement gagné en qualité et en intérêt. Il faut
espérer que ce ne soit pas seulement un « accident passager »… |