Un épisode de SVU qui utilise une nouvelle fois et encore
avec succès la recette "Ripped from the Headlines" chère à la galaxie « Law &
Order »…
« Ripped from the headlines » est la phrase choc des pubs
pour les « Law & Order » des premières saisons. Elle insiste sur le fait que
les histoires sont ce qui compte le plus dans la série, plus que les
personnages eux-mêmes (ce qui est partiellement faux, je vous l'accorde…) et
surtout que ces histoires s'inspirent des gros titres accrocheurs dont les
quotidiens américains ont le secret…
Cet épisode s'attache au phénomène dit du « Down Low », qui
a fait effectivement, au début de l'année 2001, couler beaucoup d'encre aux
USA. Cette expression fait référence aux noirs US qui couchent avec des hommes
mais qui ne se considèrent pas gays. Elle est devenue particulièrement utilisée
lorsque des études sérieuses ont révélées que un tiers des jeunes hommes noirs
et homosexuels serait séropositif et que les journaux ont orienté leurs
articles sur les risques que pouvaient encourir les femmes mariées à des
hommes « on the Down Low ».
Le « Down Low » est donc au centre de l'intrigue. Ce fait
permet de relier entre eux les différentes pistes narratives de l'épisode, lors
d'une scène axée autour de Tutuola, qui explique aux enquêteurs ce dont il
s'agit (trouvant ainsi autre chose à faire que répondre au téléphone de la
brigade). Cette scène donne de plus une petite touche d'humour bienvenue dans
cet épisode émotionnellement difficile. Les yeux écarquillés des membres du SVU
fixés sur Tutuola qui se sent obligé de ne pas justifier ses connaissances, est
une scène très amusante… La suivante permet ensuite aux scénaristes de
développer un peu le personnage et de le rendre particulièrement tolérant, et
ce façon assez subtile. Cela nous change de Stabler, qui flirte un peu trop
souvent avec la caricature, celle du flic irlandais catho bon père de famille…
Mais quand SVU est bon, ce n'est pas simplement
l'illustration d'un sujet à la « Dossier de l'Ecran ». Ce pivot thématique
permet de faire rebondir une intrigue très bien ficelée, qui commence par le
meurtre d'un ADA du Bronx, retrouvé dans une voiture, le pantalon baissé, au
pied duquel traine un préservatif maculé de rouge à lèvres.
L'intrigue tourne rapidement autour de l'homosexualité et la
séropositivité cachée de la victime, de sa relation personnelle avec son
collègue ADA marié et de parties de poker mystérieuses…
Avec le « Down Low », on associe le tout ensemble : la victime entretenait une
relation suivie avec son collègue black, qui avait également l'habitude de « ne
pas être gay » lors de soirées entre amis, ( appelées également « parties de
poker » ).
L'ADA marié, c'est Michael Beach, le Doc de « New York
911/Third Watch », mais qui retrouve pour le coup un rôle similaire à celui
qu'il tenait dans « Urgences/E.R. », à savoir le mari séropositif de la pauvre
et très gentille Jeannie Boulet (rappelez vous…)
Les soupçons sont donc dirigés très fortement sur lui, il
est amené à la brigade, mais il faut le faire craquer, toutes les preuves
n'étant que circonstancielles… C'est là qu'entrent en scène la femme de Mr
Boulet et Novak, qui vont nous offrir un final de toute beauté…
Le sperme retrouvé dans le préservatif est attribué à Mr
Boulet, qui est diagnostiqué séropositif. Et lorsque Mme Boulet (une autre
Jeannie, elle a l'air très gentille…) arrive pour s'indigner du traitement
réservé à son mari, Novak lui balance de but en blanc que son mari est
séropositif et qu'elle devrait se faire tester… Ce que Novak n'a légalement
absolument pas le droit de dire… C'est assez ironique, en regard du fait qu'au
bout de quelques secondes pendant le premier contact entre B&S et Boulet, ce
dernier avait laissé échapper un "tell my wife!" sur une remarque de Stabler...
Tentative de connivence virile ou bien volonté de faire remarquer son statut
matrimonial et donc sexuel ?
Suivent une scène excellente entre Novak et l'avocat de
Boulet qui lui fait du chantage à la commission disciplinaire, une autre,
plutôt bonne, entre Novak et son mentor/mère-de-Rachel, une autre excellente
pendant laquelle Novak s'excuse auprès de la femme qui a appris sa
séropositivité, et la dernière, grandiose, au cours de laquelle cette dernière
explique à son mari qu'elle l'aime toujours, qu'elle est séropositive, qu'elle
lui pardonne mais que jamais elle ne lui pardonnerait un procès qui meurtrirait
pour longtemps et inutilement leurs filles… Les deux acteurs sont formidables…
Les deux juristes ne perdent pas le nord en arrière plan, Novak propose un
accord accepté par Boulet et son avocat, qui oublie le manquement à l'éthique
de notre ADA favorite…
Un épisode en tout point parfait ? Malheureusement, non. Un
grumeau s'est glissé dans la pâte… En effet, Benson se retrouve impliquée
personnellement dans toute cette histoire, puisqu'elle était sortie cinq ans
auparavant avec la victime.
Cette sous-intrigue donne droit à une scène amusante où Wong fait un topo
à Benson sur les gays du placard… et étrangement, il est beaucoup plus crédible
que lorsqu'il balance ses analyses psys semi divinatoires à la Sam Waters…
Mais on a aussi le droit aux scènes du choc de la nouvelle de la
séropositivité de l'ex, du test HIV, à une scène un peu limite sur l'efficacité
des préservatifs (Benson n'a couché qu'une fois avec la victime et de façon
protégée… et pourtant, Warner est hyper alarmiste…) et évidemment à la scène où
soulagée, Benson apprend qu'elle est séronégative.
Cette sous-intrigue est sans le moindre intérêt !
Un très bon épisode donc, qui aurait frisé l'excellence
sans cette histoire avec Benson…
« Ripped from the headlines », c'est pas « Ripped from the
headlines and a little soap »... |